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L’UE face aux migrants

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L’UE face aux migrants

Un sommet UE-Balkans prévu depuis longtemps sera aujourd’hui pour partie consacré à la question migratoire tant la pression migratoire sur l’UE via les Balkans est devenue forte. Pourquoi ?

La Grèce, acceptée comme membre de l’UE en 1981 sans y être véritablement prête en matière d’institutions, est devenue ces dernières années une porte d’entrée majeure dans l’Espace Schengen dont elle a ratifié la convention en 1992. Or la Grèce s’avère incapable d’assurer la protection de la frontière extérieure de Schengen, notamment sous la pression des migrants venus de Syrie, mais aussi de bien d’autres pays. Résultat, la Grèce laisse passer des milliers de migrants qui poursuivent ensuite la route des Balkans – Macédoine, Serbie – pour se présenter ensuite à la frontière Sud de la Hongrie, membre de l’espace Schengen depuis 2007. Afin de viser ensuite l’Allemagne, perçue comme une opportunité.

Orban fait du Orban

En quelques jours, la Hongrie a vu entrer sur son territoire près de 3000 personnes. Son Premier ministre, V. Orban a décidé d’envoyer 2000 policiers et 1000 militaires surveiller la frontière Hongrie-Serbie sur laquelle il entend en outre achever la construction d’une clôture. Cela vise à montrer qu’il agit mais aussi à flatter une partie de son électorat, voire à ratisser sur les marges de l’extrême droite, dans un pays ou l'”Autre” est souvent perçu comme une menace identitaire. Le statut difficile des Roms de Hongrie en témoigne amplement. Outre qu’une telle clôture – que les médias appelleront “mur” dans une référence peu réfléchie au “mur de Berlin” – est politiquement difficile à porter pour l’UE, tous les experts savent qu’elle ne fera que déplacer la pression migratoire, probablement sur la Roumanie. Si celle-ci n’est pas encore membre de l’espace Schengen, c’est  bien parce que les pays membres de cette configuration savent que la Roumanie ne se trouve pas encore en mesure d’assurer la gestion de sa frontière extérieure.

… et l’UE devrait distinguer le court et le long termes

Les politiques devront donc une nouvelle fois tenter de donner l’impression d’agir sur une question d’une grande complexité. Il faudrait notamment expliquer aux opinions publiques que sur la période 2000-2008, l’UE tire les 4/5e de son accroissement démographique total de l’accroissement migratoire et seulement 1/5e de son accroissement naturel. En effet, la plupart des pays européens ont “oublié” comment faire des enfants. Pour éviter de vieillir de manière accélérée et de voir son poids démographique relatif se réduire à toute vitesse, l’UE a donc besoin des “enfants des autres”, à savoir des migrants qui deviennent des actifs. Or, sous les effets de la crise de 2007-2008, l’accroissement migratoire annuel de l’UE a diminué de moitié entre 2008 et 2012. Autrement dit, au regard des tendances précédentes, il “manque” 4 fois 0,6 millions de migrants à l’UE, soit 2,4 millions de personnes, a minima. D’une certaine manière, à l’échelle de l’UE, cette crise migratoire pourrait être une aubaine, mais au sortir d’une crise économique, sociale et politique majeure quel homme politique ira l’expliquer ? Encore faudrait-il  que l’UE sache véritablement concevoir et appliquer une véritable politique de la population, tant pour soutenir sa fécondité qu’orienter sa politique migratoire. Après tout, bien des pays dans le monde sont capables d’avoir une politique de la population… mais l’UE n’est pas un pays et chaque Etat y cherche à céder le moins de souveraineté possible en l’attente de gains qui tardent parfois. Ce qui nous renvoie à la complexité de la construction européenne.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des affaires publiques et internationales de Glendon.

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