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Europe: la Russie marque un point

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Europe: la Russie marque un point

L’Ukraine vient de faire sensation en signifiant qu’elle refusait de signer un accord d’association avec l’UE… suite aux pressions de Moscou qui entend bien la faire basculer dans une union douanière à la main du Kremlin. Kiev rejoindrait alors Erevan. Que la Géorgie et la Moldavie – 2 des 6 pays du partenariat oriental de l’UE – semblent mieux prédisposées n’est pas négligeable… mais leur poids géopolitique reste très inférieur à celui de l’Ukraine.

De quoi s’agit-il ?

La partie qui se joue remonte à loin, très loin. D’abord, la Russie considère que l’Ukraine est son berceau historique et Kiev, sa capitale, la ville mère de toutes les villes de la Sainte Russie… Ensuite, la Pologne et la Lituanie gardent le souvenir ému d’avoir étendu leur influence en Ukraine, jusqu’à l’Est de Kiev, à l’époque du royaume de polono-lituanie, entre le XV et le XVIII e, autant dire hier dans des mémoires nationales entretenues. De tous côtés, l’histoire se trouve instrumentée. Le XXe siècle a été marqué par la Révolution d’Octobre 1917 et la main mise de Moscou sur l’Ukraine, jusqu’à y organiser une famine dans les années 1930 – l’Holodomor – qui coûta la vie à près de 6 millions d’Ukrainiens. C’est dire si le camarade Staline aimait l’Ukraine…

Ce XXe siècle est aussi celui qui voit une partie de l’intelligentsia polonaise inventer un discours dialectiquement subtil : si on retire à la Russie sa main mise sur l’Ukraine, cela la forcera à devenir une démocratie. Vaste programme. Cet argumentaire a été – via la diaspora polonaise aux Etats-Unis – repris par certains courants politiques américains. Après avoir travaillé durant la Guerre froide à l’éclatement soviétique, obtenu le 8 décembre 1991, les Etats-Unis se sont lancé dans une politique qui vise à désosser le poulet, autrement dit  ôter à la Russie la main mise sur son “étranger proche”, notamment les 6 pays du partenariat oriental de l’UE: Biélorussie, Ukraine, Moldavie, Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan. N’oublions pas que les 3 pays Baltes – Estonie, Lettonie, Lituanie – sont déjà intégrés à l’OTAN puis à l’UE depuis 2004. Cette stratégie américaine, soutenue par les Polonais et les Lituaniens a contribué aux révolutions de couleurs à compter de 2003 en Géorgie, 2004 en Ukraine, plus quelques tentatives en Biélorussie en 2006 et en Moldavie où le camarade Poutine fit contre-feu.

La bataille reste en cours mais Moscou vient de marquer un point. A vrai dire, les Ukrainiens se sont tiré une balle dans le pied dès les débuts de la Révolution orange par des luttes ridicules entre les deux têtes de l’exécutif. Et les membres de l’UE sont en réalité divisés – une fois de plus, c’est étonnant – au sujet de la finalité de ce partenariat oriental et de la qualité des résultats à exiger. Si les Polonais, les Lituaniens et les Suédois sont motivés, d’autres pays européens – dont la France – témoignent d’une solide indifférence sur le sujet. On a même vu Paris et Berlin faire le jeu de Moscou en 2009 pour barrer la route de l’OTAN à l’Ukraine. Bref, le Kremlin joue bien quand les Européens sont finalement assez médiocres.

Résultat, Moscou a marqué un point. Pour autant, l’attractivité de l’UE peut mobiliser une partie des Ukrainiens et retourner la situation. Qui sait, peut-être cet accord d’association finira-t-il par être signé, mais avec un nouvel exécutif à Kiev.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des Affaires publiques et internationales de Glendon.

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