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L’Europe et la guerre: une approche géopolitique

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L’Europe et la guerre: une approche géopolitique

L’Europe est déjà dans la commémoration de la Première Guerre mondiale (1914-1918). Les Rendez-vous de l’Histoire qui se sont tenus à Blois ont d’ailleurs fait de la Guerre le thème de cette session 2013. Et le monde de l”édition multiplie les ouvrages sur l’année 1914. Nous ne sommes pas au bout de nos lectures, émissions, colloques…

Il est vrai que les relations entre l’Europe et la guerre peuvent être intéressantes à considérer non seulement pour le passé mais aussi pour le présent, voire l’avenir.

Pour le passé

A la différence des Etats-Unis – si on veut bien mettre à part le génocide indien, Pearl Harbour et les attentats du 11 septembre 2001 – les Européens ont une longue expérience de la guerre sur leur sol. Le sol européen est gorgé de sang. A travers les siècles, la violence, les armes, les blessés, les morts ont fait partie de son quotidien. Des  centaines de guerres ont détruit, construit, fragilisé, déformé … des nations, des Etats, des territoires, des frontières, des mémoires. Et l’Europe partage volontiers… en témoignent la Première et la Deuxième Guerre mondiale. Les Canadiens le savent bien. Ces conflits mondiaux restent aujourd’hui encore dans les mémoires et les paysages d’Europe – et du monde – à travers des cimetières, des monuments aux morts, des associations d’anciens combattants.

Les Européens ont donc une connaissance intime de la Guerre… et pourtant…

Pour le présent

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est gorgée de sang. De son territoire en ruine émergent le projet d’une construction européenne autour de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) dès 1951. Six pays – République fédérale d’Allemagne, France, Italie, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg – qui dans le contexte de la Guerre froide (1947-1990) décident de mettre en commun les éléments nécessaires à la guerre… pour mieux l’empêcher. Six pays qui forment en 1957 la Communauté économique européenne… qui devient en 1993 l’Union européenne. A travers 7 élargissements successifs l’UE compte finalement 28 pays depuis le 1er janvier 2013, avec l’adhésion de la Croatie. Des pays – et des peuples – qui se sont durant des siècles combattus, écharpés, violés.

Cette Europe – celle de l’Union européenne – est maintenant à la fois vaccinée contre la guerre et incapable de penser la guerre. Son ADN est défaillant. Faite pour construire la paix – et chacun s’en félicite – l’Union européenne est incapable de penser un monde conflictuel.

Pour le futur

A tel point que l’Europe de la défense supposée naître du traité de Maastricht reste une quasi coquille vide, suspendue au feu vert de l’ONU – jusqu’à connaître l’humiliation en 2011 d’une opération militaire empêchée parce que le Conseil de sécurité la refuse – ou celui de l’OTAN, à travers les accords Berlin Plus. Ces derniers permettent à l’UE d’utiliser certains moyens de l’OTAN… sous réserve que les Etats-Unis veuillent bien donner la clé. Etats-Unis qui partagent – eux – une toute autre culture de la guerre. Quand les Européens réfléchissent trois fois avant de s’engager dans un conflit, temporisent, contournent, cherchent un compromis… les Etats-Unis donnent volontiers un grand coup de pied dans la fourmilière – sans trop savoir à l’avance ce que cela donnera. L’Afghanistan et l’Irak sont d’ailleurs là pour démontrer que cela conduit parfois au fiasco.  L’excès de testostérone d’un G.W. Bush conduit B. Obama à se concentrer sur la sortie de deux bourbiers puis à reconstruire son image. Les Syriens attendront bien un peu …

Pendant ce temps, l’industrie de défense européenne subit les effets des coupes budgétaires qui font suite à la crise économique venue … des Etats-Unis. Et nul ne sait si il restera une industrie de défense européenne quand les Etats-Unis auront achevé leur pivot sur l’Asie.

Aujourd’hui, 22 des 28 pays membres de l’UE sont aussi membres de l’OTAN. Ils vivent cela comme une assurance vie… qui leur évite des dépenses de défense trop importantes et permet de reporter sur autrui une partie de la charge financière et politique. Sauf pour les Français, cela semble confortable. Pour tous, cela risque d’être inconfortable demain… quand des Européens dont l’ADN est défaillant en matière de puissance redécouvriront la guerre.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’Ecole des Affaires publiques et internationales de Glendon.

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