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Monde arabe : la Chine en embuscade

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Monde arabe : la Chine en embuscade

La Tunisie puis l’Egypte, en attendant peut-être que d’autres pays du monde arabe ne connaissent à leur tour ce printemps démocratique dont il est actuellement difficile de mesurer les effets sur le long terme, mais qui pourrait bouleverser non seulement le monde arabe, mais aussi les relations qu’il entretient avec le reste du monde, sont au cœur de toutes les attentions. Troubles au Yémen et en Jordanie, craintes dans d’autres régimes autocratiques : la liste pourrait rapidement s’allonger. En grande puissance, la Chine suit forcément la chose de très près, même si elle se refuse à la commenter.

La possible onde de choc des évènements dans le monde arabe fait craindre aux dirigeants chinois le risque d’une contagion, pourtant hautement improbable, à la Chine. Afin de ne pas prendre de risque, les informations sont soigneusement filtrées et réduites au minimum. Les médias évoquent ainsi à peine les manifestations de Tunis et plus récemment du Caire. La Chine se satisfait de la stabilité, et ce type d’évènements est toujours traité avec une grande prudence, et le plus souvent assimilé à une forme de chaos dont il faut se méfier. Le chaos, c’est justement ce que les médias chinois montrent de ce mouvement populaire, sans s’attarder sur ses origines et les revendications des manifestants. Il ne faut en effet surtout pas donner d’idées aux Chinois, et les médias dénoncent même le fait que le chaos ne conduit pas à la démocratie, et que l’exemple donné par la rue arabe n’est certainement pas à suivre. Au cœur des critiques, c’est la démocratie à l’occidentale qui est montrée du doigt, ce qui n’est pas surprenant de la part de Pékin.

Les critiques de la démocratie à l’occidentale sont évidemment excessives, mais il est en revanche pertinent de constater le malaise dans lequel sont plongées plusieurs démocraties occidentales en marge de ces évènements, et de les mettre en perspective avec les possibles opportunités pour la Chine. Pour le moment en embuscade, Pékin pourrait être le grand vainqueur des évènements qui frappent le monde arabe. Après les hésitations et les déboires de la France sur le dossier tunisien, c’est au tour des Etats-Unis et de leur soutien à Moubarak d’être sous les projecteurs. Les changements de régime et l’arrivée de nouveaux dirigeants pourraient être annonciateurs d’une baisse d’influence des puissances occidentales, au bénéfice de la Chine.

Pékin a de fait déployé des efforts considérables depuis quelques années en vue d’émerger comme un partenaire de premier plan avec les pays du monde arabe. L’augmentation des échanges économiques et commerciaux s’est accompagnée d’un rapprochement politico-stratégique entre Pékin et les pays du Moyen-Orient (incluant Israël) qui ne s’appuie pas uniquement sur la dépendance pétrolière de la Chine, mais sur des convergences de vues de plus en plus fortes. Dans ce contexte, un changement politique radical dans le monde arabe pourrait paradoxalement être très profitable à la Chine, les pays occidentaux étant souvent trop impliqués dans les régimes autocratiques en place, et pouvant faire l’objet de très vives critiques. Une remise à plat de la classe dirigeante, l’arrivée au pouvoir de nouvelles élites et la soif de changement pousserait ainsi naturellement les pays du monde arabe à se tourner vers un partenaire pouvant leur apporter d’importants investissements. Dans ce contexte, les questions politiques s’effacent derrière les convergences d’intérêts. La révolution démocratique en marche du monde arabe pourrait-elle ainsi se faire à l’avantage de la plus grande dictature de la planète ? Il s’agit là d’un paradoxe de plus qui pourrait marquer la montée en puissance de la Chine et son affirmation comme principal partenaire des pays en développement.

Pour des analyses complètes sur les relations entre la Chine et les pays du Moyen-Orient, je renvoie à la lecture du dossier spécial de la revue Monde chinois n°23, automne 2010.

Les opinions exprimées dans ce blogue sont strictement personnelles et ne reflètent pas nécessairement celles de Global Brief ou de l’École des affaires publiques et internationales de Glendon.

The opinions expressed in this blog are personal and do not necessarily reflect the views of Global Brief or the Glendon School of Public and International Affairs.

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